TRICHOPTERRA

TRICHOPTERRA

La philosophie de la larve de trichoptère

La philosophie de la larve de trichoptère vise à protéger le temps voulu l'état larvaire d'un corps, d'une pensée, d'une parole, d'une sensation, au sein d'un refuge temporaire. Un principe qui met en avant, l'importance du développement d'une énergie particulière dans un espace propice. L'enrobage de la substance se fait à partir d'un assemblage de formes hétérogènes, glanées dans différents espaces, matériels ou immatériels. Le choix des matériaux est celui d'objets, de mots, d'images, de sons, trainants, oubliés, attirant l'attention, mais éveillant suffisamment l'intérêt pour produire des associations, se coller, s'enlacer, et faire habitat. La composition ainsi faite va garder la substance au chaud, lui permettant de grandir, de la faire exister, et de la protéger. Ainsi elle se présentera sous forme d'une structure complexe et faite de couches, qui la gardera au chaud, et proposera un cheminement, pendant sa découverte. Les refuges sont de taille différente, à l'échelle d'un corps ou plusieurs corps, les dimensions varient sous forme de pages, de figurines, d'armures, d'antres, de grottes profondes, de canaux, de réseaux. Ils emballent, abritent, créent des conditions, ou la substance peut se dé- ployer, s'étendre jusqu'à maturation. À l'âge adulte, elle entrera en rencontre avec le monde et les autres, alors elle s'envolera, n'appartenant plus à son lieu. Il ne reste que des restes, des débris, qui permettront peut'être de reconstruire autre chose.

 

 

 


26/05/2018
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https://www.kmae-journal.org/articles/kmae/pdf/1985/04/kmae198529901.pdf

 


26/05/2018
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Une philosophie portée dans un état de monde, que j’ai appelé,

 

 

L’AMAS

 


26/05/2018
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AMAS (l'état de sédimentation)

Si on prend en compte la formation de planètes d’après la théorie du big bang, on se rend compte qu’elles sont la conséquence d’une explosion, un rassemblement de poussières qui se sont accumulées pour obtenir des formes plus ou moins sphériques, de plus en plus grosses, qui gardent une certaine stabilité. L’amas est avant tout un résultat de quelque chose, une retombée ou une condensation plus ou moins dense qui fait corps. Par exemple, si on regarde une falaise, non loin de la mer, on se rend compte qu’elle est formée de différentes couches, formant des strates dues à un processus de sédimentation de matières minérales et organiques, qui se sont déposées petit à petit, année après année. Son relief est le résultat d’érosions, créées par l’aller-retour des vagues. Une masse, dont la taille, l’ampleur et la constance a ont été façonnées par le temps, par des flux, des remous, des répétitions, etc., etc., etc.

À une échelle différente, si on s’intéresse aux molécules, qui sont à l’origine de la matière, on se rend compte qu’elles sont un amoncellement de chaînes d’atomes agencés entre eux, qui en fonction de leur nature et associations vont déterminer des états (liquide, gazeux, solide, etc.). La molécule crée le tangible, présent partout. On peut donc considérer l’amas comme un état de monde, une partie partagée par tous les êtres vivants. L’humain est cet être qui a su tirer parti de la masse pour en construire d’autres. Par le biais de la technique, il a décelé comment se réapproprier la matière pour la façonner selon ses désirs. Les amas humains ont des fonctions particulières. Comme les strates des falaises qui piègent les corps d’organismes à l’abri du temps, les assemblages artificiels permettent de garder des traces, retenant une mémoire.

Ainsi, les amas humains leur ont permis de contrôler le temps par la matière. On gagne du temps, car des objets sont construits, et avec eux, des gestes sont préservés. Leur conséquence crée une « fonction de retenue », qui ralentit le flux du monde, et préserve de la mort les savoirs. Une stratégie qui a permis à l’espèce technique de construire, de se développer, de s’étendre. Au fur et à mesure, le contrôle du temps a amené à l’accélération. La production de masse a dépassé les possibilités de la terre. Les technologies de retenue du temps, qui ne se disloquent pas dans la nature (comme le plastique) se sont entassées, pour créer des montagnes artificielles. Aujourd’hui quand je pense à l’amas, je pense aux décharges.

 

Que pouvons-nous tirer de cette production de masse ? De cette production en surplus ?

 

 

 

 

 

 

 


03/06/2018
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Postures et stratégies

La complexité de ce monde peut paraître déroutante. Je pense que le mot « trouble » de Donna Haraway a une certaine justesse. Nous sommes dans une situation où les considérations sont secouées par le poids du doute qu’investit l’anthropocène, qui énonce une gravité, comme une chute.

 

Depuis combien de temps le monde humain dominant chute ?

 

Sommes-nous à la rencontre d’autres considérations avec la Terre ? Si oui, quelle en est la suite ?

 

 

 


26/05/2018
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2

Le Trouble est un peu comme le résultat d’un bâton qui viendrait remuer la vase au fond d’un étang. La situation semble opaque, cependant, il ne s’agit que d’un amoncellement de particules hétérogènes, portées par l’eau, une fois le calme revenu, après un certain temps, elles redonnent une clarté, se reposant dans le fond petit à petit, cependant, elles ne seront plus à la même place. Sommes-nous en train de bouleverser un ordre, un agencement de places destinées aux différents habitants de cette planète ?

Ne serait-ce qu’au sein de notre espèce, le rapport binaire entre les deux sexes qui a sévi depuis des centaines d’années est en train de doucement se dissiper. Que ce soit de manière officielle, comme le cherche à faire l’Allemagne avec la question de la « troisième option » pour les personnes qui ne se reconnaissent ni homme ni femme.

 

L’Allemagne coche l’option « troisie?me sexe »

 

https://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2017/11/22/l-allemagne-coche-l-option-troisieme- sexe_5218471_4497271.html

 

où par une résistance encore marginale, comme on peut le voir avec le combat constant des mouvements féministes en Libye, en Pologne ou encore au Maroc. Les considérations où les valeurs changent de place, s’effacent, sont recouvertes par d’autres. Il est difficile de mettre en corrélation au premier abord, la situation de l’exploitation de la planète par une partie de ses habitants, et la considération de la discrimination entre les sexes, les cultures, les ethnies, les espèces. Cependant, nous pouvons trouver un lien, qui me semble conséquent si on s’intéresse à la notion de relations. L’anthropocène parle d’une relation particulière entre une partie de la population humaine et une planète. l’impact géologique nous renvoie à reconsidérer la notion « d’équilibre » entre un être et son milieu, et les autres espèces. Une complexité de la cohabitation, voire même une existence (si on considère une continuité entre l’être humain et la Terre, qui renvoie à une forme d’autodestruction).

 

 


26/05/2018
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3

Selon Darwin, le processus d’évolution des espèces a vu émerger différentes formes de stratégies de survie, qui ont fait que des espèces se sont développées et complexifiées, dans des branches différentes, pour se confondre et utiliser au mieux les conditions de leur environnement, afin de s’adapter et d’assurer la survie. Le principe de l’évolutionnisme, se référant à la théorie de la « sélection naturelle », considère que ce sont les êtres les plus adaptés à leur milieu qui survivent et auront le plus de chance de se reproduire, et donc de transmettre leurs gènes. La complexité actuelle du vivant résulterait donc d’un ensemble de mutations spécifiques.

 


26/05/2018
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4

Si on prend pour exemple le dauphin, on se rend compte, par l’analyse du squelette (notamment la structure de ses nageoires) qu’il est possible qu’il soit le résultat du processus d’une mutation de « l’ongulé archaïque », un mammifère terrestre de la taille d’un raton laveur vieux de 50 millions d’années. Pour Hans Thewissen, du Northeastern Ohio Universities College of Medicine and Pharmacy, et ses collègues, il s’agirait de l’ancêtre commun à tous les cétacés (les mammifères aquatiques). Ainsi avec le temps, l’animal a dû s’adapter à une vie marine, qui constituait d’après les estimations un refuge contre les prédateurs, comme on peut l’observer chez le chevrotain africain. Un refuge qui avec le temps est devenu un habitat transformant durablement l’animal, les pattes avant s’est transformé en nageoires, les membres postérieurs ont disparu, la queue s’est développée pour devenir la nageoire caudale, la tête s’est allongée, les narines se tiennent sur le sommet du crâne. Un mutant, résultat d’un processus d’équilibre de plusieurs millions d’années, entre un être vivant et son milieu. Une créativité du vivant considérable dont le résultat est la « biodiversité ».

 


26/05/2018
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5

Ainsi sur une grande partie de la planète on peut croiser un foisonnement d’êtres habitants formés par leur environnement personnellement, je suis très intéressé par la notion de « CARE » propagé par la communauté QUEER. Une proposition d’attention à l’autre, au-delà de toute forme de jugement préétabli, qui a amené des formes diverses et variées de revendications cherchant un espace à la fois conceptuel et politique aux genres et aux sexualités dé catégorisé. Une stratégie essentielle de survie qui est celle de constituer son propre milieu, avec le renouvellement de codes, de définitions, de comportements face à soi et à l’autre, sans forcément tomber dans un cliché identitaire. En effet, la réappropriation du mot Queer (« étrange », « peu commun », « bizarre ») a été établie en réaction d’une norme trop stricte, faite de cadres binaires, basée sur le rejet des « hors-normes ». Le fait de déterminer un terme particulier, pour représenter une communauté, permet qu’autre chose existe, et ainsi que proposer une alternative à la norme dominante.

 


26/05/2018
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6

Issu du collectif originaire de « la Pocha Nostra » les artistes performeurs Dani d’Émilia et Daniel Colman Chavez ont ensemble mis au point un manifeste nommé « Tendresse radicale ». La tendresse radicale propose de regarder l’autre avec amour qu’il s’agisse de congénères, d’étrangers ou d’ennemis. Il ne s’agit pas pour de créer un monde de bisounours, mais de trouver la posture la plus juste à chaque fois, en s’adaptant, en entrant dans l’univers de l’autre et si possible en désamorçant toute forme de conflit. Un principe qui passe par la conscience du développement de différents types de corps. S’il le faut, pour défendre une communauté, on créera un corps social qui défendra le droit d’exister. S’il le faut, pour s’exprimer, on utilisera notre propre corps de manière symbolique, devenant un instrument de langage, ou d’incarnation d’une idée, d’une substance particulière. S’il le faut, le corps sera un instrument d’attention particulière, envers un autre, plus « faible que soi » ou provenant d’un monde différent, qu’on ne peut concevoir qu’en étant sensible à sa condition. S’il le faut, le corps devient un instant d’ouverture totale à l’autre, pour exprimer sa tendresse, son bonheur d’être ensemble et de se laisser entraîner dans une fusion.

Il s’agit de trouver à chaque fois une forme de densité, de s’adapter à une situation, tout en gardant une forme de bienveillance. J’ai eu la chance d’avoir pu expérimenter la tendresse radicale au sein d’un workshop d’une semaine à Bourges avec les deux artistes.

 


26/05/2018
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7

N’utilisant pas forcément mon corps pour m’exprimer, je me suis rendu compte des dimensions qu’il pouvait prendre. Ainsi, nous avons un outil, qui est constamment à notre portée et peut rapidement s’orienter en fonction des besoins. Devenir dur, souple, lourd, fluide, infusé, diffusé, tangible, fantomatique....

Une continuité de la pensée qui s’exprime par la production de gestes, de présences, de densités de rencontres avec l’espace, de plongées, dans des strates. Ainsi j’ai pu comprendre que le corps avait plusieurs dimensions, il pouvait devenir, un code, une machine, un système de représentation, un support de mémoires, etc.

L’humain est cet être particulier, qui se situe à mi-chemin entre une évolution naturelle et artificielle. En tant qu’individus nous sommes spectateur d’un état de monde que nous n’avons pas choisi.

 


26/05/2018
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8

Personnellement je me considère comme un être qui vit dans le résultat d’une société capitaliste et industrielle. Comme un animal, je suis projeté dans un milieu dans lequel suis censé m’adapter. En cela, si on se réfère à la théorie de l’évolution de Darwin, je dois muter, développer des stratégies, pour m’adapter à un système qu’on m’impose. De plus, en tant qu’être humain, je peux construire des milieux particuliers, à la fois comme un animal qui nidifierait dans un espace, mais aussi par production de systèmes langagiers, sensitifs et conceptuels, qui permettent de façonner un espace particulier qui me permet de me développer. Mon choix s’est porté vers le « vivant », cette énigme qui est là, vers ses « autres éloignés » qui sont les non-humains, ces êtres qui habitent déjà le monde, avec une créativité débordante. Un foisonnement d’états relationnels équilibrés avec un environnement à portée de main, devant nous.

Ce choix puise son origine à partir d’une certaine fascination, peut-être la même qui a créé le mythe de Prométhée. Celle de la beauté de mondes simples où les corps sont entièrement dédiés, adapté à leur environnement. Des mondes multiples qui trouvent leur équilibre à l’échelle de chaque être. Comme le distingue Deleuze dans son abécédaire lorsqu’il parle de la tique, qui attend accrochée à une feuille l’odeur, le stimulus, qui la fera réagir, pour ensuite mordre et assurer sa survie. Elle est adaptée. Ces pâtes raccrochent suffisamment pour monter aux arbres, sa tête est suffisamment puis — sante pour transpercer la peau, son abdomen est suffisamment élastique pour accueillir et stocker du sang. La tique ne demande pas plus, elle vit et utilise les possibilités de son corps.

 


26/05/2018
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9

En chine, le « WU QIN XI » ou « le jeu des 5 Animaux “est un Qi Gong (art martial, aussi appelé kung-fu intérieur) développé par HUA TUO, un médecin sous la dynastie des HAN (25-220 après J-C). Dans l’esprit de la médecine chinoise traditionnelle, les vertus thérapeutiques de ce qi gong sont considérées comme ‘globales et harmonisantes’ : les fonctions de ce qui sont considérés comme les cinq principaux Organes ‘YIN’ (Poumons, Reins, Foie, Cœur, Rate) sont stimulées et harmonisées en incarnant les comportements et mimiques corporels des mouvements des 5 animaux (le Tigre, le cerf, l’ours, le singe et l’oiseau). Pour moi il s’agit d’un exemple relationnel positif entre l’humain et le non humain, qui, bien qu’ils appartiennent à des mondes différents, peuvent coexister, fusionner et apprendre l’un de l’autre. Par l’observation de faits, de gestes, de formes instinctives, ce type de pratique renvoie pour moi à une recherche d’une mimétique qui ouvre à des rapports physiques et métaphysiques de l’espace.

Un scénario alternatif à la destruction totale de toute forme du vivant. L’être humain peut utiliser son savoir et produire une technique qui permet de se rapprocher de la nature, apprendre de leur stratégie de survie, de la beauté avec laquelle d’autres espèces réalisent leur vie. Il s’agit d’un combat d’imaginaires, de tentatives et de relations, qui ont le devoir d’exister pour montrer que d’autres possibilités d’existences sont possibles.

 


26/05/2018
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10

À mon tour j’ai choisi de chercher dans les différents règnes des êtres qui pourraient me permettre de développer une stratégie de survie dans la situation du trouble post-anthropocène. Pour l’instant trois se distinguent, le lombric, l’éponge de mer, et la larve de tricoptère. Nous en sommes au début, je pense poursuivre tout un ensemble de postures qui s’inspirent du vivant, pour pouvoir trouver des solutions, d’harmonies durables, entre l’être humain, les non-humains et la planète sur laquelle ils existent.

 


26/05/2018
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